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Kagami biraki

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Kagamibiraki no zu par Yōshū Chikanobu (1838–1912)

Etymologie
 

Le Kagami Biraki (鏡開き) est une cérémonie japonaise organisée à chaque début d’année. Elle se déroule après les festivités du Nouvel An - appelées oshōgatsu (お正月). Le Nouvel An est une des fêtes les plus importantes au Japon.
Les termes Kagami Biraki se composent de trois kanjis : un pour Kagami (鏡) - miroir - et deux pour Biraki (開き) provenant du verbe Hiraku (開く) - ouvrir. L’expression se traduit littéralement par « ouverture du miroir ».
Le miroir est un élément symbolique important au Japon. En effet, il fait partie des trois Trésors Impériaux du Japon appelés Yata no Kagami (八咫鏡)1. Par le miroir, se déroule la célébration du retour du soleil donc de la lumière.

Origines et déroulement


Cette fête trouve ses origines il y a plus de 300 ans. Le Shogun Tokugawa (将軍), dirigeant militaire du Japon, partagea avec ses daimyos (大名), des gouverneurs féodaux, un tonneau de sake2 (酒), la veille d’une bataille. Celle-ci fut victorieuse. Cet acte devint alors une tradition.
Initialement fêtée tous les 20 Janvier, sa date est modifiée suite au décès du Shogun Tokugawa Iemitsu3, le 20 Janvier 1651.
Dès 1652, le Kagami-biraki se fête le 11 Janvier, partageant cette date avec un autre rite : Le Kura-biraki (蔵開き).
Kura (蔵) étant un grenier à riz, cette fête correspondait à la reprise du travail.
Le Kagami Biraki est, à l’origine, célébrée par les samouraïs et les familles du Bushi. A cette occasion, ceux-ci en profitent pour sortir leurs armes et armures de leurs coffres, afin de les nettoyer et les exposer.
Conformes à la tradition, ils brisent également le couvercle d’un tonneau de sake4, à l’aide d’un maillet, pour le déguster dans le cadre d’un cérémonial shinto.
Lors de cette cérémonie, les participants échangent des mochi (餅) signifiant « gâteau » – préparation à base de riz gluants -  en forme de miroir.

 

Appelés kagami mochi (鏡餅), ces gateaux représentent le miroir dans lequel nous devons nous regarder pour faire un point sur l’année écoulée.
Ces mochi sont brisés à l’aide d’un maillet, eux aussi, ou à la main, et mélangés à une soupe d’haricots rouges sucrés - o-shiruko (お汁粉).

Kagami mochi by tamakisono web

Kagami mochi surmonté d'une orange amère

Dans le cadre du Judo

C’est Jigorō Kanō qui est l’instigateur du Kagami biraki dans les arts martiaux.
Il est fêté le deuxième dimanche de Janvier au Kōdōkan depuis 1884. Il marque ainsi la fin de l’année d’entrainement.
Pour lui, l’intérêt de cette cérémonie est de relancer les efforts des pratiquants alors en plein kangeiko5 afin de redonner de la motivation. Cela permet aussi de signifier qu’un nouveau cycle commence.   
C’est aussi l’occasion de partager, de resserrer les liens sociaux entre les individus, de montrer que l’on fait partie d’une même famille. Elle permet également de féliciter les élèves et professeurs pour leurs efforts.
Traditionnellement, un discours est prononcé par Jigorō Kanō ainsi que par les professeurs du Kōdōkan. Ensuite, des démonstrations de kata ont lieu ainsi que des randoris. Puis, se déroule la remise des grades. Enfin, suit le partage du sake et des kagami mochi et du o-shiruko, comme expliqué plus haut.
A cette occasion, les judokas ayant reçu un grade dans l’année s’occupent de l’organisation (mise en place des tables et nettoyage) et de la préparation des plats.

Le Kagami biraki est fêté dans les dojos encore aujourd’hui, y compris en France6. Cette fête marque la cérémonie des vœux. Elle revêt une importance particulière pour le Judo, mais cette tradition est pratiquée dans les autres arts martiaux d’origine japonaise. 

Elle permet, de nos jours encore, de souder les liens sociaux au travers d’une même pratique, basée sur une philosophie de vie.

Alors, il ne me reste plus qu’à vous dire:

Akemashite omodeto gozaimazu!
明けましておめでとうございます!
Bonne année!

MALGORN Stéphane C.N 4ème Dan

1. voir article sur le Kōdōkan
2. Au Japon, le terme sake (酒) est générique pour désigner tout alcool, à base de riz ou non, fort ou non. Ceci inclut la bière, le whisky et le vin. L’alcool à base de riz fermentée est appelé Nihonshu (日本酒).
3. 3ème shogun de la lignée des Tokugawa.
4. Tonneau appelé komodaru (菰樽).
5. Voir article Kan-geiko & Shochu-geiko

6. C’est Jean-Lucien JAZARIN (1900 – 1982), alors Président du Collège des Ceintures Noires, qui mit en place le premier Kagami Biraki en France en 1964.

Bibliographie:
CADOT, Yves. Promenades en Judo. Métatext, 2015. 417p.

HABERSETZER, Gabrielle et Robert. Nouvelle Encyclopédie des Arts Martiaux de l’Extrême-Orient.Amphora, Octobre 2041. 1023p.

MAZAC Michel, Jigoro Kano, Père du Judo, Budo Editions, 2006, 315p.

Site internet:
Article Kagami Biraki In Wikipédia en français, [en ligne]. <http://fr.wikipedia.org/wiki/Kagami_biraki>, consulté le 14 Janvier 2018.

Article Moshi In Wikipédia en français, [en ligne]. <http://fr.wikipedia.org/wiki/Mochi>, consulté le 14 Janvier 2018.

Cérémonie des voeux, In Vaux le pénil Judo [en ligne]. <http://judo.vauxlepenil.chez.com/images/ceremonie-des-v-ux.pdf>, consulté le 15 Janvier 2018.

GARRANGER Françoise, Kagami-biraki ou Cérémonie des Vœux In Judo Club Kodokan Bergheim-Ribeauville, [en ligne]. <http://www.judo-bergheim-ribeauville.fr/index.php/fr/historique/judo-et-jujitsu>, consulté le 17 Janvier 2018.

Kagami Biraki In Japculture, [en ligne]. <http://japculture.free.fr/traditions/janvier/janvier_11.html>, consulté le 15 Janvier 2018.

Kagami Biraki : la cérémonie des vœux In FF judo [en ligne]. <https://www.ffjudo.com/kagami-biraki-la-ceremonie-des-voeux>, consulté le 15 Janvier 2018.

Audiovisuels, images:
Kagamibiraki no zu par Yōshū Chikanobu (楊洲周延 - 千代田之御表) , Public Domain, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=39457519

Kagami Mochi par Tamakisono - Flickr, CC BY 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=3547786

Date de dernière mise à jour : 18/09/2019

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